Expo - La nature vue du dedans

Exposées chez Raison Pure Paris - 2010 -

« La Nature, du dedans »
On oppose souvent la nature à la culture (Clément Greenberg). L’art n’accèderait à la nature que par une, de multiples représentations. L’expérience de la nature, sa perception ne demeure accessible que sous les traits d’une représentation cadrée, mise en cage, laborieusement et prétendument saisie sous l’équilibre fragile d’un horizon qui la rapproche de nous en nous en éloignant. L’horizon serait à la fois le signe de la nature et aussi ce qui nous en sépare, ce qui la tient « à distance ».
Représenter la nature nous la rend toujours plus lointaine, inaccessible, en cage : moi/ la nature.
Dernièrement, je suis parti sur une île. En marge de tout rivage, isolé, « iloté », j’ai divagué, contemplant les côtes qui m’entouraient sur cette île : étais-je en cage ? Au cœur de cette île, je me suis demandé que pouvait être la nature en moi-même, pour moi- même si elle cessait d’être une représentation, une image qui se dresserait de part et d’autre d’un horizon ?
Il s’agirait alors de ne plus représenter la nature mais d’être la nature : un état, une « stase- nature ».
Ne plus «représenter» la nature en photographie me semble être une ambition bien présomptueuse, elle questionnerait en outre le statut de la photographie vis-à-vis du réalisme, de l’objectivité. Si, au travers de ce projet, cela devait demeurer une ambition photographique, j’aimerais envisager la nature comme un muscle, une pulsation, dans une logique quasi respiratoire : un rythme pure, sans la trahir pourtant dans une forme d’abstraction.
En outre, j’aimerais conquérir la nature, non plus comme un objet du dehors, érigé au-delà d’un horizon qui la tient à distance mais bien plutôt conquérir la nature du dedans, en percevoir la force et ce qui m’unit à elle de façon fusionnelle, le « biologique » qui fait que la nature et moi, nous sommes pareils, unis dans une logique du vivant.